Le cannabis est une plante aux multiples composés actifs, dont deux des plus connus sont le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Le THC est principalement responsable des effets psychotropes du cannabis, tandis que le CBD est souvent vanté pour ses propriétés apaisantes et thérapeutiques. Une question qui suscite un intérêt croissant est de savoir si le CBD peut protéger contre les effets indésirables du THC. Une récente étude menée par des chercheurs du King’s College de Londres s’est penchée sur cette question dans le cadre d’une étude psychopharmacologique.
L’étude : THC, CBD et leurs effets
L’étude a été réalisée sur quarante-six participants en bonne santé, ayant peu ou pas d’expérience avec la consommation de cannabis. Les participants ont reçu différentes préparations de cannabis contenant 10 mg de THC, avec des niveaux variables de CBD (0, 10, 20 et 30 mg). L’administration du cannabis s’est faite par inhalation à l’aide d’un vaporisateur. L’étude était en double aveugle et randomisée, ce qui signifie que ni les participants ni les chercheurs ne savaient quelles préparations de cannabis étaient administrées.
Après avoir inhalé le cannabis, les participants ont été soumis à une batterie de tests mesurant leurs capacités mentales. Ils ont également évalué subjectivement à quel point ils avaient ressenti les effets du cannabis comme étant agréables. En outre, ils ont été envoyés en « promenade à l’hôpital » de 15 minutes, avec pour tâche d’acheter un article de leur choix d’une valeur de 2 £ auprès d’un caissier du magasin de l’hôpital. Ils devaient demander un reçu et étaient observés à distance par l’équipe de recherche. Après la dissipation des effets intoxicants, des questionnaires psychologiques et un entretien clinique semi-structuré ont été administrés.
Les résultats de l’étude
Les résultats de l’étude ont révélé que le CBD n’avait aucun effet sur la réduction des effets indésirables aigus du THC. Sur le plan cognitif, les effets néfastes du THC, tels que l’altération de l’attention et de la mémoire, n’ont pas été atténués par la présence de CBD. De plus, il n’y avait aucune preuve que le CBD modifiait les effets subjectifs ou agréables du THC. Ces résultats se sont maintenus quel que soit le rapport CBD:THC utilisé dans l’étude.
Analyse des résultats
Mikael Kowal, directeur scientifique de Bedrocan, a commenté les résultats de l’étude en soulignant que ces conclusions étaient en contradiction avec certaines recherches antérieures sur les interactions entre le THC et le CBD. Des études antérieures avaient en effet suggéré que le CBD pouvait réduire certains des effets négatifs du THC. Toutefois, Kowal suggère que les différences entre les résultats pourraient être liées à l’utilisation de variétés de cannabis spécifiques. Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé le cannabis de la marque Bedrocan, en ajoutant différentes quantités de Bedrolite, une variété riche en CBD, à la variété riche en THC, afin de contrôler les niveaux de CBD. Il est possible que l’utilisation d’une variété de cannabis qui contient déjà à la fois du THC et du CBD, comme Bediol, pourrait donner des résultats différents.
Cependant, il est important de noter que ces conclusions restent spéculatives et nécessitent des recherches supplémentaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse. L’étude soulève également des questions quant à l’efficacité de différentes variétés de cannabis dans la modulation des effets du THC. Il est possible que d’autres composés présents dans le cannabis, en plus du CBD, jouent un rôle dans la manière dont le THC affecte l’organisme.
Conclusion
L’étude menée par des chercheurs du King’s College de Londres n’a pas trouvé de preuve que le CBD réduise les effets indésirables aigus du THC. Les effets négatifs du THC sur les capacités cognitives et la santé mentale ne semblaient pas être atténués par la présence de CBD. Cependant, il est important de souligner que cette étude était limitée à des niveaux spécifiques de CBD et THC, ainsi qu’à des variétés de cannabis spécifiques. D’autres recherches sont nécessaires pour mieux comprendre les interactions complexes entre ces composés du cannabis et leurs effets sur l’organisme.