Un virage radical : la fin de la récréation
Si vous rêviez encore d’un séjour sous les tropiques ponctué d’un petit joint au coucher du soleil, mieux vaut revoir vos plans. Depuis fin juin 2025, la Thaïlande a officiellement mis un terme à l’usage récréatif du cannabis. La fleur de chanvre, si populaire dans les dispensaires de Bangkok ou de Chiang Mai, est désormais classée comme substance strictement médicale. Désormais, pas de prescription, pas d’achat. C’est aussi simple – et aussi sérieux – que ça.
Pourquoi ce changement maintenant ?
Après avoir été pionnière en Asie sur la dépénalisation du cannabis en 2022, la Thaïlande a vu surgir plus de 20 000 dispensaires, un marché chaotique, et des inquiétudes croissantes. Tourisme cannabique, absence de contrôle qualité, ventes à des mineurs… Le gouvernement n’a pas traîné : il fallait remettre de l’ordre, et vite. Résultat : le cannabis est redevenu une plante encadrée, avec retour d’une surveillance médicale stricte.
« Toute personne, qu’elle soit Thaïlandaise ou touriste, doit désormais présenter une ordonnance valide pour acheter du cannabis en boutique. » — Ministère de la Santé, juin 2025
Prescription cannabis en Thaïlande : comment ça marche ?
Consultation obligatoire… et réglementée
Vous souhaitez consommer légalement du cannabis thérapeutique ? Direction un médecin agréé, muni de votre pièce d’identité. Qu’on soit résident local ou touriste de passage, la règle est la même : une prescription, et une seule, peut vous ouvrir les portes du traitement. Elle prend la forme d’un formulaire officiel nommé P.T.33, valable 30 jours, contenant toutes les données du patient, la posologie exacte, la durée de traitement, et bien sûr, la signature du praticien autorisé.
Quels sont les symptômes concernés ?
- Douleurs chroniques (neuropathiques, articulaires…)
- Spasmes musculaires, Parkinson, épilepsie
- Nausées liées aux traitements lourds (chimiothérapie)
- Insomnie sévère, anxiété généralisée, dépression résistante
- Perte d’appétit, cachexie, soins palliatifs
En clair : on n’obtient pas d’ordonnance pour « se détendre » sur la plage. L’indication thérapeutique est encadrée, et le professionnel doit suivre les recommandations du ministère. La fleur de cannabis devient un outil médical, pas un accessoire touristique.
Combien ça coûte ?
La consultation médicale est abordable. Comptez entre 200 et 500 bahts pour un rendez-vous dans une clinique autorisée (environ 5 à 13 €), parfois plus dans les établissements privés. Certaines plateformes en ligne comme Weed.TH ou Cannabox permettent même des téléconsultations avec des praticiens certifiés. Mais attention : l’ordonnance n’est jamais garantie à l’avance. Le médecin reste seul juge.
Qui peut prescrire du cannabis médical ?
Les professionnels habilités
Pour éviter les abus, seuls les praticiens formés et enregistrés peuvent émettre une ordonnance P.T.33. Il peut s’agir de :
- Médecins diplômés en médecine conventionnelle
- Praticiens en médecine traditionnelle thaïlandaise ou chinoise
- Dentistes et pharmaciens agréés
- Guérisseurs traditionnels certifiés (folk healers)
Ces professionnels doivent suivre une formation spécifique reconnue par le Département de la Médecine Traditionnelle (DTAM). La délivrance est encadrée, enregistrée, et soumise à des audits réguliers.
Où obtenir une ordonnance ?
De nombreux hôpitaux publics (comme Ramathibodi ou Siriraj) disposent de services spécialisés. Des cliniques privées à Bangkok, Phuket, Pattaya ou Chiang Mai proposent aussi ce service, parfois avec des praticiens parlant anglais. Des plateformes en ligne permettent également la consultation à distance, pratique pour les touristes. Le tout reste soumis à la réglementation : un diagnostic réel, une indication médicale, un suivi.
Touristes étrangers : attention aux sanctions !
Les erreurs à ne pas commettre
Il est tentant de penser que la loi ne s’applique pas aux vacanciers… Grave erreur. Si vous achetez du cannabis sans prescription, même dans une boutique en apparence légale, vous tombez sous le coup de la loi. Et elle est claire : possession sans ordonnance = infraction pénale.
Peines encourues
- Jusqu’à 1 an de prison
- Amende de 20 000 bahts (~520 €)
- Expulsion possible du territoire + interdiction de retour
Et ce n’est pas une simple menace. Plusieurs touristes ont déjà été arrêtés depuis le changement de loi. Le cannabis acheté « à la cool » en rue ou sur Khao San Road, sans preuve médicale, peut littéralement vous envoyer derrière les barreaux. Les autorités ont renforcé les contrôles dans les zones touristiques, aéroports, et dispensaires.
Fumer dans la rue ? Interdit !
Même avec ordonnance, la consommation en public est interdite. Si la fumée incommode les passants ou attire l’attention, vous risquez jusqu’à 25 000 bahts d’amende (près de 650 €). En clair : usage privé, à domicile uniquement. Pas de joint à la plage, pas de vape dans la rue.
Les dispensaires doivent aussi se mettre en règle
Fin de la jungle cannabique
Avec la nouvelle loi, seuls les dispensaires agréés, disposant d’un praticien rattaché, peuvent vendre légalement du cannabis. Les autres doivent fermer ou se réorienter. Selon les autorités, plus de 85 % des boutiques ouvertes depuis 2022 devront cesser leur activité faute de conformité. La vente sans ordonnance est considérée comme un acte criminel pour le vendeur… avec peines similaires à celles des clients.
Vente sans prescription = danger
Un dispensaire pris en flagrant délit de vente illicite s’expose à :
- Fermeture administrative
- Suspension de licence
- Jusqu’à 1 an de prison pour le gérant
Les autorités ont prévenu : les contrôles vont se multiplier dans tout le pays. Les plateformes de vente en ligne ont aussi reçu l’ordre de cesser les livraisons sans ordonnance vérifiée.
En résumé : cannabis en Thaïlande, oui, mais sur ordonnance
Le message est clair : la Thaïlande n’est plus un paradis pour amateurs de joints improvisés. Le cannabis y est désormais un médicament, prescrit, encadré, contrôlé. Sans prescription médicale, aucune vente, aucun usage n’est autorisé. Les touristes qui s’aventurent hors des clous prennent de sérieux risques.
Alors, envie de découvrir le cannabis en Thaïlande ? Commencez par prendre rendez-vous avec un praticien agréé. Sinon, mieux vaut s’en tenir à la mangue et au pad thaï…
Un dernier conseil avant votre voyage
Informez-vous avant d’acheter. Si le dispensaire ne demande pas votre prescription, méfiez-vous. Si un vendeur vous dit « c’est légal, pas besoin », passez votre chemin. Et si vous avez un doute, posez la question à un professionnel de santé agréé. Vous éviterez les mauvaises surprises et profiterez de votre séjour en toute sérénité.