Cannabis au Paraguay

Le Paraguay en passe de légaliser le cannabis : un tournant historique en mars 2025

Le Paraguay, traditionnellement reconnu comme l’un des principaux producteurs de cannabis en Amérique du Sud, a entamé un processus législatif visant à légaliser l’utilisation du cannabis à des fins médicales, industrielles et récréatives. Ce mouvement s’inscrit dans un contexte régional où plusieurs pays voisins ont déjà adopté des politiques de légalisation ou de dépénalisation du cannabis.

Contexte historique et législatif

En 2017, le Paraguay a légalisé l’utilisation du cannabis à des fins médicales, permettant ainsi la production et la distribution de produits dérivés du cannabis pour les patients nécessitant un traitement spécifique. Cependant, la culture domestique de cannabis est restée interdite, limitant l’accès des patients à ces traitements.

En novembre 2022, une coalition de partis de gauche, dont le Frente Guasú, et plusieurs organisations de la société civile ont présenté un projet de loi au Congrès national. Ce projet visait à dépénaliser l’usage et la culture du cannabis, en autorisant l’autoculture et la formation d’associations pour la culture partagée à des fins médicinales et récréatives. L’objectif était de réguler l’utilisation du cannabis sous toutes ses formes, en le déclarant d’intérêt national et en créant l’Institut national du cannabis (Incanna) pour superviser et appliquer la législation.

Débats et perspectives

En avril 2024, le Sénat paraguayen a organisé une réunion pour discuter de l’avenir du cannabis dans le pays. Des experts et des législateurs ont abordé les utilisations médicales, industrielles et récréatives du cannabis, soulignant le potentiel économique et les avantages pour la santé publique. Marcelo Demp, président de la Chambre paraguayenne du chanvre industriel, a insisté sur la nécessité de réguler le cannabis pour en faire un moteur de développement économique, en particulier pour les communautés rurales et indigènes.

Cependant, des voix s’élèvent également contre la légalisation. Luis Rojas, ministre du Secrétariat national de lutte contre la drogue (SENAD), a exprimé des réserves, soulignant que le Paraguay ne doit pas adopter des politiques simplement pour suivre des tendances régionales, mais doit considérer les spécificités locales et les défis liés à la lutte contre le trafic de drogue.

Comparaison régionale

Le Paraguay n’est pas isolé dans sa réflexion sur la légalisation du cannabis. Des pays voisins tels que l’Uruguay ont légalisé le cannabis à des fins récréatives en 2013, devenant ainsi le premier pays au monde à le faire. L’Argentine a également légalisé l’autoculture de cannabis à des fins médicinales en 2020, permettant aux patients de cultiver leur propre cannabis pour leur traitement.

Cette tendance régionale a incité le Paraguay à reconsidérer sa position, en évaluant les avantages potentiels en termes de santé publique, de réduction de la criminalité liée au trafic de drogue et de stimulation économique grâce à l’industrie du cannabis.

Défis et considérations

Malgré les avancées législatives, plusieurs défis demeurent. La mise en place d’un cadre réglementaire efficace pour la production, la distribution et la consommation de cannabis nécessite des investissements significatifs en infrastructure et en formation. De plus, il est essentiel de développer des programmes de prévention pour éviter la consommation chez les mineurs et de mettre en place des mécanismes de contrôle pour prévenir les abus.

En outre, le Paraguay doit veiller à ce que la légalisation ne conduise pas à une augmentation de la production illégale destinée à l’exportation vers des marchés voisins, où le cannabis reste illégal. Des mesures strictes de contrôle aux frontières et une coopération régionale renforcée seront nécessaires pour éviter ce phénomène.

Conclusion

Le Paraguay se trouve à un carrefour décisif concernant la légalisation du cannabis. Les discussions en cours au sein du Congrès et les consultations avec la société civile témoignent d’une volonté de réformer la législation actuelle. Toutefois, une approche équilibrée, tenant compte des expériences internationales, des spécificités locales et des défis à surmonter, sera cruciale pour que cette réforme soit bénéfique pour le pays et ses citoyens.

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